Stéphanie
Sautenet est née en 1972 à Tours.
Pratique essentiellement le dessin. Expose aux galeries
Béatrice Soulié, Paris - Dettinger-Mayer, Lyon -
Grand'Rue, Poitiers...
A publié aux éditions
Les crocs électriques,
un
livre de dessins de 40 pages.
Aux éditions fissile, Stéphanie Sautenet accompagne de dessins les
poèmes de
Saint-Amant,
La Crevaille.
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Tu m'éclaires encore
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Lilith |
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Nos
yeux sont blasés.
Nos
yeux sont blasés comme nos langues.
Il
faudrait simplement réapprendre à
lécher le sel des pores.
Certains
en secret savent aussi lire avec leurs ongles.
Chaque
anfractuosité du corps, visible ou non, est une porte sur un
univers que le songe peut nous révéler.
Il
y a beaucoup d’univers abandonnés dans chacun de
nos corps, car
jamais lus.
Je
ne peux avancer dans le dessin
que de corps en corps ou qu’en corps à corps.
J’ai
voyagé d’un corps à l’autre
jusqu’à devenir un
lépidoptère qui s’est éteint
à force de papillonner des
hanches et des omoplates.
La
colonne a des antennes, des
oroeils et une bouche d’ombre, occulte car offerte
à la multiplicité.
Je
crois aux doubles, aux triples,
aux multiples. Ils sont inscrits en nous comme une radiographie des
alliances.
La
main est le guide, le lierre,
l’étoile.
La
main est l’enfant, l’interdit
et sa transgression.
J’ai
besoin de noir jusqu’à son extinction dans le gris.
Le
deuil sur la page est un état de transe, une marge dans
laquelle la
vie peut secrètement renouer un pacte avec la
couleur.
Je
ne trouve aucun secours dans la
peinture. C’est un accident qui explose mon corps.
Un
puits où les mères sont
indissociablement enlacées l’une à
l’autre depuis la première nuit.
La peinture
est un carnage de parturientes.
Le
dessin est son cri, net et
précis. Le squelette de ses abois.
Le
cri est une pierre tendue dans
le fleuve.
Souvent
derrière le visage, je
trouve le premier âge de sidération, l’aeternum
infans, la douce figure
saturnienne dévorée et l’objet
méduséen.
Quand
on fait la manche, il est
bon d’être avant tout
poète.
Un
enfant m’a donné son croissant,
son Ssoloeil.