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l'Autre
Leopoldo
María PANERO
Mon
cerveau est une rose
& autres essais
Ce
livre est
une compilation d'articles, essais et conférences
publiés
par Leopoldo María Panero des années 70 aux
années
90.
La seule thèse
psychiatrique véritable est celle qui part de la souffrance. La
folie, comme le crime, est un de ces phénomènes que l'on
ne peut expliquer que par la souffrance. Toutefois le premier principe
du médecin psychiatre et/ou anti-psychiatre consiste à
attribuer à la souffrance, comme au patient, une existence
imaginaire. Consolation pour mère idiote. Même la
psychiatrie la plus hétérogène - la lacanienne -
quand elle affirme maintenir le patient dans sa "différence",
rend évident que la psychiatrie ne sait pas sortir de là,
c'est-à-dire de la considération du malade comme un malade imaginaire. Tout le lustre du langage ne peut
vaincre la souffrance. Parce que la souffrance est un lieu qui échappe
par excellence au désir : je veux dire au désir abstrait, au
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désir de
la loi ou de la raison. Tout au plus la psychiatrie existentielle - ce
n'est pas pour rien que Kierkegaard a inventé la souffrance - et la
psychiatrie phénoménologique en donnent quelque explication, de même
que pour la folie. L'autre moyen consiste à rééduquer le patient sur la
base du prétentieux principe qu'il ne serait pas lui-même, sur lequel
le diagnostic fonde sa coercition illusoire, bien que non moins
"efficace".
(...)
Moi cependant, à l'égal du bossu cynique et
ivre de la conservation et de l'exhibition de sa bosse même, je peux
affirmer à présent que quelque chose contredit tout ce qui a été écrit
ou pensé sur ce sujet : oui, la folie existe ; non pas la psychiatrie,
ou, pour être plus précis, son pouvoir de guérison. Ici, où la vie au
moins est un rêve, les Hymnes aux martyrs de Prudencio le bossu nous
consolent, humblement, du privilège de ne pas exister.
Leopoldo María PANERO
[Extrait de Souffrance réelle et souffrance imaginaire]
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